samedi 17 octobre 2009

Scarlett O'Hara, icone et déguisements


Scarlett O'Hara, est-il besoin de le préciser, est l'héroïne du roman fleuve Autant en Emporte le Vent. Elle fut incarnée à l'écran en 1937 par Vivien Leight dans une adaptation spectaculaire pour l'époque qui acheva d'en faire un personnage de légende. Cependant, Autant en Emporte le Vent est souvent injustement considéré comme une histoire d'amour à l'eau de rose, enrubannée de belles robes, orchestrée par des mélodies sirupeuses, le tout sur fond de guerre (comme c'est romantique). C'est un peu réducteur. Le but n'est pas pour moi de vous faire l'historique du roman, vous avez wikipédia pour ça. C'est plus de vous présenter celle qui fut ma première icône, celle dont la beauté, l'indépendance et le caractère me fascinèrent pendant de nombreuses années.

Autant en emporte le vent est avant tout un roman historique qui traite des événements survenus entre 1861 et 1865, alors que le droit à l'esclavagisme du "vieux" sud des États Unis était contesté. Peu de romans s'inscrivent dans cette période et fournissent autant de détails sur le déroulement de la guerre et les profonds changements qu'elle engendra. Scarlett O'Hara, personnage principale de cette toile historique est un être aussi charmant que détestable. D'une beauté atypique, dont elle a conscience, elle est têtue, égoïste, manipulatrice et arriviste. Mais elle est aussi une femme indépendante et ambitieuse qui ne se laisse jamais dicter sa conduite ni par les hommes, ni par personne. Féministe avant l'heure, elle aspire à mener sa vie et sa carrière comme elle l'entend, en faisant fi du qu'en dira-t-on. Objet de nombreux scandales, vivement critiquée (à juste titre parfois), c'est malgré tout sur ces épaules que reposent ses proches. Sa force de caractère et sa détermination hors du commun tractent les autres derrière elle, telle une locomotive. Il est d'ailleurs intéressant de constater qu'Autant en emporte le vent, lorsqu'il fut adapté au cinéma, fut le premier film dont le héros était en fait une héroïne, une mini révolution. Les réalisateurs ne poussèrent cependant pas le symbole jusqu'à faire de Vivien Leight la tête d'affiche puisqu'elle fut occupée par Clark Gable... Les temps changent doucement, pour ne pas heurter les sensibilités masculines.

Mais avant d'être une icône féministe, Scarlett fut d'abord pour la petite fille que j'étais une belle femme à la garde robe de rêve. Je pense que ce fut ma première approche de la féminité et des frous frous. Ainsi pour mes 11 ans, je demandais à ma mère une "robe de Scarlett O'Hara". Facile, n'est ce pas? Je ne pouvais pas demander des barbies comme tout le monde, franchement... Quoiqu'il en soit, ma mère ne s'est pas démontée. Elle a été élevée à l'école d'avant 1968 où les cours de couture étaient obligatoires et s'est donc senti capable de relever le défi. Nous commençâmes par choisir un rouleau de tissus sur le marché de la Palice, à fleurs verte, car c'est bien sûr la robe du pic nique du début que je briguais. Puis ma mère acheta un patron de robe de marié et pendant un mois et demi, tous les soirs, elle traça, découpa, surfila, battit et cousit l'objet de tous mes désirs. Nous poussâmes loin les détails: la petite bourse de satin verte, la capeline, la ceinture nœud... Elle était splendide! Que d'heures passées ainsi déguisée, à refaire l'histoire dans ma tête, à réciter les dialogues du film, à modifier les intrigues...

Ces événements se déroulaient au cœur d'une période de profonds changements pour moi: l'arrivée au collège, en 6ème, l'entrée dans la puberté, la confrontation aux "autres" ces enfants comme moi qui se prenaient subitement pour des grands et dont la méchanceté avait en effet tout d'une grande. Alors quand ça devenait trop dur d'être Agnès, j'enfilais ma belle robe verte et fuyait à Tara: là bas je donnais libre court à ma fantaisie et à mon imagination. Les autres ne m'effrayaient plus car j'étais plus forte qu'eux . J'étais Katie Scarlett O'hara.

samedi 10 octobre 2009

Des lunettes de Pin up




Bigleuse notoire depuis mes 3 ans, mi myope mi astigmate, je n'ai jamais vu clair, même au maximum de la correction. Les lunettes m'ont toujours terriblement complexée car j'ai l'impression d'être défigurée lorsque je les porte. De plus la cruauté propre aux enfants ne m'a pas aidée à surmonter mon blocage puisque je garde un souvenir traumatisant du sempiternel "Serpent à lunettes" dont nous autres bigleux sommes traditionnellement affublés. Et puis lorsqu'on porte des lunettes, on est systématiquement catégorisé "intello de service", allez savoir pourquoi.

Le choix de mes montures est et a toujours été un supplice car il s'agit de choisir avec soin quelque chose que je suis contrainte de porter et que j'ai en horreur. Ma toute première paire de lunettes, je ne l'ai bien sûr pas choisie moi même; à cet age là, on subit les goûts de ses parents... et c'est ainsi qu'on se retrouve à porter des pulls à pompons roses, des jodhpurs en velours rapiécés aux genoux et une couette "palmier" au sommet de la tête, le tout étant de préférence immortalisé sur une photo de classe. Quoiqu'il en soit, ma mère m'avait choisis dans un élan d'inspiration fantaisiste une monture forme "Papillon", rouge. Audacieux n'est-ce pas? pas évident à porter, surtout lorsque un des verres est recouvert de ce qu'on appelle dans le jargon "un secteur" c'est à dire un sorte de scotch opaque qui a pour but de forcer l'œil à ne plus loucher. De plus, peut être l'avez vous déjà remarqué mais souvent lorsque de très jeunes enfants portent des lunettes, les verres semblent toujours floutés, comme s'ils avaient chipé les binocles de Mister Magoo. Je ne faisais bien sûr pas exception à la règle, vernie comme j'étais.

Par la suite j'ai alterné les montures ronde, ambiance John Lennon, mais en raté, les montures marron un peu caramel... Toutes sans exception me mangeaient la moitié du visage et m'arrivaient à mi-joues. Et oui, amis fashionistes, à cette époque là, on portait d'énorme montures non pas parce que ça faisait mode ou branché ou geek ou que sais-je, c'était une nécessité, et nous n'avions pas le choix. Cette lubie qu'ont les moutons de la mode de porter ce type de lunettes a le dont de m'agacer prodigieusement. Le pire étant bien sûr celles et ceux qui poussent le vis à les porter avec des verres neutres ou, le fin du fin, sans verre. Il faudra leur dire un jour que ça que ça ne va à personne, un peu comme une mini jupe en sky.

Enfin, à l'adolescence ce fut LA révolution: après un long travail de persuasion exercé auprès de ma mère et de mon ophtalmo qui était réticente à équiper les jeunes, j'ai enfin pu porter des lentilles. Ça a tout simplement changé ma vie: déjà, d'un point de vue vison car il n'y a pas d'espace entre la correction et l'œil et que le champ de vision n'est pas limité par la seule surface des verres. Mais surtout, ça semble évident, ça m'a complètement décomplexée: j'ai découvert que j'avais de grands et beaux yeux vert dont j'ai appris à maitriser le pouvoir charmeur au fil des ans.

La lune de miel a duré 11 ans; onze années à porter mes lentilles 16 heures par jour, tous le jours et à ne rien porter du tout si par malheur je n'avais plus de lentilles. Ces jours là, plutôt que de porter mes lunettes, je préférais ne rien voir et me manger des portes et des murs. Et puis, cet été au mois de juillet, j'ai eu une kératite. Je ne vais pas rentrer dans les détails forts ennuyeux de cette pathologie, retenez seulement qu'elle rend impossible le port des lentilles. Ce état de fait étant dû à un problème de sécheresse de l'œil qui, s'il se résout, ne le sera pas avant prés de 6 mois, j'ai donc été contrainte de reporter mes lunettes. C'est comme si je revenais 11 ans en arrière; en deux jours, je suis redevenue l'ado gauche et complexée au regard fuyant et aux yeux rapetissés par d'énormes verres de myopes.

Une fois passée la contrariété du constat de régression, il a bien fallu que je me fasse une raison, il fallait que j'investisse dans une nouvelle paire de lunettes qui serait, autant que faire se pourrait, assortie à mon style très rétro. Après avoir écumé plusieurs opticiens et constaté que la mode des montures rectangulaires avait encore de beaux jours devant elle, après avoir mis en pelote les nerfs de pauvres vendeurs qui n'en demandaient pas tant... je les ai enfin trouvées! Originales puisque vues nulle part, classes et rétro, j'avais enfin mis la main sur ce que tant de gens considère comme un simple accessoire de mode. Ma chère a failli en avaler son combiné de téléphone. Je vous le donne en mille: des lunettes papillon!